Remplacé par trois marronniers
sur la plate-bande à l’angle de la cuisine, le wellingtonia était devenu trop
imposant : 28 mètres ! Imaginez, la hauteur d’un immeuble de 8
étages ! Henri III décida de le faire abattre. Dans ces années 50, la
tronçonneuse n’existait pas encore et c’est donc à la hache qu’une équipe de trois
bûcherons s’attaqua au géant. Forte personnalité, le patron, Désiré Ménard était connu dans tout le canton, comme
bûcheron mais aussi comme taupier, et comme « sorcier » ? Il ouvrit le chantier en grimpant tout en haut
du conifère et entreprit de scier à la main, une par une, toutes les branches
de l’arbre, certaines pouvant atteindre 15 cm de diamètre. Pendant ce temps,
ses bûcherons dégageaient à la pelle la base de l’arbre avant d’attaquer le
tronc à la hache en prenant garde de ne pas recevoir une branche sur la tête...
Au bout d’une semaine, Désiré décida que le moment était venu de donner le coup
de grâce. Avant de descendre de l’arbre, il avait arrimé un câble à la cime,
l’autre extrémité étant fixée en terre à la limite du potager. Il posa par
terre dans l’axe du câble son mouchoir qu’il avait noué aux quatre coins et
annonça que c’est là que devrait aboutir la cime de l’arbre. Il tira légèrement
sur le câble, constatant que oui, c’était mûr pour la chute. Puis ayant fait
placer tout le monde à l’écart dans le potager, il tira sur le câble et le
wellingtonia tomba avec fracas. La cime pile devant le mouchoir. Geste de
Désiré le ramassant, fier d’avoir visé juste une fois encore !
Laurent Desprez
Commentaire de Martin Desprez : Ce n’est pas mon souvenir :
il le remit négligemment sur la tête, signe qu’il ne ratait jamais son coup !
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