vendredi 17 avril 2015

Senteurs et Saveurs

La mémoire olfactive ainsi que la mémoire gustative à laquelle elle est liée, est paraît-il la plus forte nos capacités mémorielles, mammifères que nous sommes. Conjointement aux souvenirs d’enfance surgissent tous les parfums qui embaumaient le jardin. Arrivant au Tertre au début de juillet, libérés du poids du collège et de la ville, c’était un bonheur de retrouver les exhalaisons de chèvrefeuille, de pétunias ou de roses. Plus tard il y aurait les arômes des herbes du potager, persil ou estragon, et la saveur inégalable des légumes, à commencer par les tomates. Vincent se souvient, sous le catalpa, de l’épluchage de haricots verts dont la dégustation valait bien cette peine. Laurent se souvient de Martin se faisant gronder par Bonne Maman qui l’avait surpris dans le potager se régalant d’une carotte fraîchement arrachée à la terre, alors que nous avions été appelés pour le déjeuner... Plus tard ce serait le miel agrémentant le pain grillé du petit déjeuner, les mirabelles, les poires, les pommes. Ah le parfum des pommes, étalées sur la cheminée, quand nous entrions dans la salle à manger ou conservées dans la cave à vin ! Une bouffée d’Anjou! Nous les avions ramenées sur le toit de la 206 Peugeot, placée dans le parc juste sous les pommiers, il n’y avait plus qu’à remplir les cageots.
Il faut mentionner aussi les petits poissons de la Mayenne et de l’Oudon, gardons, ablettes, boers, poissons-chats (qui mordaient tellement à l’hameçon que l’on avait beaucoup de mal à le retirer) que l’on vidait, écaillait puis cuisait nous-mêmes, sans le secours de la cuisinière. Fritures savoureuses. 

Laurent Desprez

jeudi 16 avril 2015

Spécialités Culinaires



La cuisine angevine est issue d'une longue tradition. Curnonsky1, surnommé le prince des gastronomes, né à Angers, s'en fit le chantre et la décrivait comme « le paradis de la digestion paisible ».


La fouace, ce reste de pâte de pain que l’on jetait autrefois dans le four en attendant qu’il chauffe, se grignote avant ou pendant le repas. La fouée ou fouace angevine est une petite boule de pain cuite au four qui est fourrée encore chaude de rillettes, de mogettes ou de beurre selon les régions.


Rabelais décrit la recette de la fouée ou fouace dans son roman Gargantua


Fouée



Les rillauds sont une spécialité charcutière de l'Anjou.


Ce sont des morceaux de poitrine de porc, comprenant à la fois la couenne et la partie tendre de la pièce. On les prépare en les faisant reposer dans une saumure de sel et d'aromates, puis on les cuit dans du saindoux (appelée aussi panne fondue) dans des chaudrons. Les rillauds peuvent se manger en salade ou à l'intérieur d'une fouée. Le critique gastronomique Curnonsky raconte qu'à Angers on aimait autrefois les acheter tout chauds le dimanche, alors qu'à Saumur on les mangeait froids au petit déjeuner accompagnés d'un verre de vin blanc.


Cette spécialité régionale est célébrée par une confrérie gastronomique, la Confrérie des Rillauds d'Anjou et des Grands Vins de Brissac, fondée en 1973 à Brissac-Quincé. C'est dans ce village qu'est organisée, chaque premier dimanche de juillet, la Rillaudée, qui est à la fois un concours destiné à honorer des charcutiers et une fête populaire.


Confrérie des rillauds d'anjou


Les Quernons d’Ardoise. Ces petits rectangles de nougatine caramélisés aux amandes et aux noisettes, enrobés de chocolat bleuté (rappelant le schiste ardoisier), s’avèrent être de redoutables friandises ! Les Angevins cultivent l’art de la gourmandise et la renommée des chocolatiers de la ville ne saurait le démentir.


C'est une spécialité angevine créée en 1966 par René Maillot, à La Petite Marquise.


Quernons d'ardoises



Le pâté aux prunes est semblable à une tourte, et confectionné à l'aide de prunes, traditionnellement des reines-claudes, pendant la saison des cueillettes, c'est-à-dire pendant les mois de juillet, août et septembre.


Les prunes sont disposées sur une pâte qui est refermée sur les fruits en ne laissant qu'une ouverture au milieu (la cheminée) permettant de conserver l'humidité du fruit pendant la cuisson.


Il trouverait son origine dans les tourtes fabriquées dans les campagnes angevine, où la culture de la prune est très présente. Après la Seconde Guerre mondiale, sa confection se concentra de plus en plus vers les boulangeries-pâtisseries. Aujourd'hui, le pâté aux prunes reste très présent dans les boulangeries angevine, et très peu répandu en dehors du Maine-et-Loire.


Pâté aux prunes



Le crémet d'Anjou est une spécialité fromagère de la région d'Angers. Il se compose d'un mélange de crème fouettée, de blancs d'œufs battus en neige auxquels sont rajoutés des condiments.


En 1921, Curnonsky rendit hommage aux crémets d'Anjou dans le guide gastronomique de l'Anjou : « Le crémet angevin est un régal des dieux. On trouve le crémet d'Anjou à Saumur et à Angers. Aucune crème chantilly n'égale ce petit mulon mousseux parfumé, onctueux et léger ».



Crémet d'Anjou



La poire belle angevine au vin rouge

Ce dessert gourmand, parfois au menu de restaurants régionaux, rappelle le vieux temps des poires à cuire que l’on cueillait dans les vergers familiaux, telles la « belle angevine » ou la « poire du curé ».


Au demeurant, bien qu’elle ne fasse plus l’objet d’une culture commerciale, la variété belle angevine, cette magnifique poire rustique, demeure l’un des symboles des vergers du Val de Loire.


Poires angevines



Angélique Bironneau






1/ Maurice Edmond Sailland, dit Curnonsky, né à Angers le 12 octobre 1872 et mort à Paris le 22 juillet 1956, est un gastronome, humoriste et critique culinaire français, surnommé « le prince des gastronomes ».

mercredi 15 avril 2015

Henri

Depuis le 19è siècle, on trouve un Henri à chacune des générations Desprez qui se sont succédées. Nous leur avons attribué un numéro afin de les identifier facilement :
Henri I, notre arrière grand-père, propriétaire-exploitant de Marcillé et acquéreur du Tertre. Il était maire de Grez-Neuville.
Henri II, notre grand-père, son fils, né à Marcillé, propriétaire de Marcillé et du Tertre.
Henri III, son 3è fils,
Henri IV, fils de Jean et filleul d’Henri III.
… Sans oublier Henri, propriétaire à Angrie, qui fut surnommé le marquis de La Gachetière par ses cousins qui se moquaient de son train de vie ! Sébastien en sait quelque chose : c’est lui qui a hérité de la vaisselle.

Service de table de la Gachetière



mardi 14 avril 2015

Guerre

Extraits Journal de Jeanne Desprez, à compter du 6 juin 1944.


6 juin. « Les avions ont tenu le ciel depuis 5 h jusqu’à 8h 30 sans arrêt. A 9h 30, j’apprends à la radio anglaise le débarquement sur les côtes nord de la France. Dieu protège notre pauvre pays !
Les avions ont survolé la contrée toute la journée. Vers le soir, quelques échos de canon lointains. Certaines têtes de pont semblent s’être maintenues. On se bat parait-il dans les rues de Caen. 11.000 avions ou sorties d’avions, 4000 navires plus d’innombrables petits, d’immenses planeurs remorqués ont parachuté des troupes. Attaque gigantesque. Peu de réaction de l’aviation allemande.
7 juin. Passages incessants d’avions de toutes grandeurs et d’une dizaine de chasseurs allemands. Nouveaux parachutages en arrière des lignes.
8 juin. Ce matin, nouveau bombardement d’Angers.
10 juin. Ce soir pendant 1h ½, le canon semblait-il a tonné. Ce matin nous entendions le bombardement de Tours. Martin disait à ce propos : « on doit faire sauter la terre avec une mine de houille ! »
11 juin. Dimanche de Fête Dieu. Peu de bruits de guerre. Maurice, Pierre (le frère de Maurice) et 3 comparses ont essayé de dresser « Turenne ». Beau spectacle de manège et même de cirque. Sur le tard, visite des Michel. ... J’ai semé des radis, planté des pétunias.
13 juin. Grosse émotion au Tertre hier soir : 4 avions à double queue, descendant en piqué vers le Lion, ont jeté une petite bombe dans un petit bois près de la Beuvrière et de la Violette, beaucoup de bruit pour rien heureusement. 2è bombe dans les environs de la gare (1) et mitraillage d’un train de munitions stationné en gare. Un avion a été abattu par la DCA et est tombé à Gené. Le train est reparti une heure après. Pas de victimes à ce que je crois.
14 juin. A peine remis des émotions de la veille, nous avons été soumis à une autre épreuve. Vers 15h 30, alors qu’un convoi de tanks et de grosses batteries anti-chars se dirigeait à toute allure vers Château-Gontier et le Nord, une escadrille de chasseurs bombardiers, volant à basse altitude,  a soudain virevolté et en un clin d’oeil attaqué le convoi entre Grieul et la côte de David, c’est-à-dire nous encadrant. J’ai ramené les poussins et nous nous sommes réfugiés près de Mémé dans le petit salon, après avoir ouvert toutes les fenêtres. Laurent était au lavoir avec Elizabeth et tous les deux n’en menaient pas large. Ça a vraiment claqué sec et toute la maison a été secouée violemment. Une bombe est tombée à Grieul sur un camion citerne qui a flambé intégralement, mais aussi sur la ferme de Derouet où deux personnes ont été tuées. A Grieul il n’y a plus de carreaux et chez Gannier plus de portes. Un autre tank a brûlé en haut de la côte de David et toutes les munitions ont sauté tout l’après-midi. Là un homme a été tué avec ses deux chevaux. Quelques bombes sont tombées du côté de la Noue, mais la ligne n’a pas été touchée. Au Tertre une bombe est tombée sur un gros châtaignier et une autre dans la pièce de l’étang. Quelques balles de mitrailleuses sur les toits ont enlevé des ardoises. Grâce à Dieu et à ND du Tertre, aucun dégât et pas d’accident ! Mais l’alerte a été chaude. La journée a été calme ensuite et la nuit aussi.



16 juin. Journée belle et calme. Cette nuit les convois ont défilé, heureusement j’ai dormi. Depuis le bombardement nous n’avons plus d’électricité car les fils ont été brûlés à Grieul. Si bien que nous n’avons plus de radio et comme on n’a pas eu de journal depuis deux jours, on ne sait rien de ce qui se passe. 
Aucune lettre de Paris depuis le 3, c’est long ! En cette fête du Sacré Coeur, il y aura peut-être un espoir pour la France de voir se terminer la guerre. C’est ce que Vincent et moi avons demandé ce matin dans notre Communion.
18 juin. Hier soir grosse émotion de nouveau. 150 forteresses volantes accompagnées de chasseurs volant dans la direction d’Angers, ont lâché près de 80 bombes dans les champs à 2km de Grez sur la route de Feneu. Ont-ils voulu atteindre le château de l’Isle où des convois étaient soi-disant parqués ou bien le camp d’aviation de Bourg Soulaire, à tort car grosse erreur ! Angers a été atteint ensuite... Michel arrivait à ce moment au Tertre. Heureusement il a échappé au bombardement de Laval jeudi par miracle !
24 juin. Henri nous est arrivé à l’improviste, venant à bicyclette de Paris, ayant mis 48h pour faire ses 350km. Il n’avait pas l’air fatigué et prétendait avoir fait cela très facilement. Nous avons passé une bonne semaine ensemble, paisible et heureuse, avec très peu de passages d’avions. Cela nous a semblé bon. Il est reparti le samedi. J’ai eu des nouvelles d’Henri dès lundi, il était heureusement bien arrivé avec une incroyable chance.
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11 juillet. L’activité aérienne a recommencé, avec des attaques de convois, d’autos isolées, de péniches, de ponts. Dimanche un gros essaim de forteresses attaquaient les Ponts de Cé, sans résultat.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, passages innombrables d’avions, assez impressionnant.
21 juillet. Après dîner, 5 SS ont forcé notre cadenas et sont venus se mettre à l’abri des mitraillages jusqu’à la tombée de la nuit. Un jeune interprète français les accompagnait, garçon de 19 ans parlant quatre langues. Il nous a intéressés. Il pense que les Allemands et les Russes pactiseront quand ceux-ci arriveront en pays allemand. Il pense aussi que les Allemands veulent détruire l’anglais par tous les moyens, V1 d’abord, ces énormes bombes volantes qu’ils ont commencé à envoyer sur Londres et le sud de l’Angleterre.
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Les Anglophiles prétendent que d’ici 15 jours, il y aura du nouveau, qu’on apprendra à ce moment-là qu’il se sera passé à côté de nous des choses extraordinaires et que la fin arrivera plus vite qu’on ne croit... Plût au ciel que ce fut vrai.
Temps toujours couvert. Je pense que c’est cela qui nous préserve des incursions aériennes.
Les enfants sont superbes. Thierry marche tout seul et il est intenable, il imite les animaux, c’est à peu près tous ses efforts pour parler.
19 juillet. Nouveau bombardement d’Angers et des environs par des forteresses volantes qui m’ont survolée comme je revenais de la Rocherie chercher des oeufs. Temps très orageux. Les enfants s’en ressentent, ils sont durs.
6 août. Les évènements ont marché. Les Américains ont percé le front du Cotentin et ont dévalé à toute allure jusqu’ici où on les attend d’une minute à l’autre...
Les 150 B. (Boches)  qui sont au Lion s’attendent à être prisonniers et ne songent pas beaucoup à la résistance. Une auto anglaise se serait déjà faufilée par ici ce matin. Nous avons préparé un abri sûr dans la voûte du ruisseau qui passe sous la route. Nous attendons.
7 août. Les Allemands ont fait sauter le pont de Grez-Neuville en se retirant, les toits de Neuville et de l’église sont effondrés. Le soir même, à 8h, Henri arrivait à bicyclette, traversant la Mayenne sur le barrage, accouru en hâte en 36 heures de Paris pour nous sauver et nous protéger dans la bataille.

8 août. Il n’y aura pas de bataille, les Allemands sont partis depuis 24h, les Américains arrivent. Tout le monde les regarde passer et les acclame le long des routes. La guerre est terminée pour nous.  

lundi 6 avril 2015

Statistiques Famille DESPREZ

Au 8 janvier 2015, il y a 247 descendants d’Alice et Henri DESPREZ.

Ils sont composés par  47% d’hommes et 53 % de femmes.

Branche
Nombre de descendants
MARGUERITE
61
JEAN
50
REMY
0
HENRI III
67
MICHEL
69


Top 3 des prénoms familiaux

Rang
Féminin
Masculin
1
Alice
Guillaume
2
Marion
Martin
3
Marie
Alexis



Aujourd’hui, il y a seulement 2 garçons du rang 4 qui portent encore le nom de Desprez : Lucien fils de Nicolas et Ernest fils d’Eric. Il n’y en a pas encore au rang 5.

Abeilles





Je prends la place d’Antoine, mon cousin, dont nous reconnaissons tous qu’il est, sur ce sujet, le digne héritier de son oncle.
Les abeilles étaient une population très importante du Tertre.       
« Madame Desprez, récolte il y aura » : prononcé d’une voix réjouie, les « r » bien roulés, c’était l’annonce faite à notre mère d’une bonne récolte de miel à venir par Monsieur Petrov, l’apiculteur, immigré russe, qui suivait les cinq ruches de Grand-Père. Outre son accent et son immuable béret noir, ce qui a créé la légende de Monsieur Petrov est qu’il arrivait au Tertre en side-car, accompagné d’un petit chien qui portait un nom russe voulant dire « Fils noir », tous les deux étant munis de lunettes pour protéger leurs yeux du vent. Très attendu des enfants, après la récolte du miel, était le moment où Monsieur Petrov allait repartir. Alors il appelait Fils noir pour lui appliquer les lunettes qu’il avait dû faire faire sur mesure. A son signe, Fils noir bondissait dans le « panier » du side-car où il se tenait bien assis face à la route. Après quoi Monsieur Petrov mettait ses propres lunettes et enfourchait la moto. Et c’était le départ du tandem, avec Fils noir, fière réplique de son maître. Ainsi  naquit la légende de Monsieur Petrov.
La visite aux abeilles, les soins à différentes saisons, l’observation de l’effervescence des abeilles une fois la « hausse » enlevée, l’extraction du miel en septembre, étaient toujours un plaisir renouvelé que notre père faisait partager à tous ceux qui venaient séjourner au Tertre, cousins, amis, en leur faisant revêtir la combinaison ad hoc avec le voile de protection ajusté sur un chapeau de paille. Un véritable rituel.
A différentes reprises, il avait dit à plusieurs d’entre nous que lorsqu’un apiculteur meurt, l’usage est de « le dire aux abeilles ». Lorsqu’il disparut en 1977, s’en souvenant, Laurent est allé le dire aux abeilles, à qui ... il n’a pas eu besoin de le dire deux fois : s’étant approché des ruches à trois ou quatre mètres, il fut assailli par une nuée d’abeilles dont une le piqua à l’oreille... Quelques mois plus tard, Thierry lui apprit qu’il y avait été aussi, les abeilles étaient calmes.

Une autre visite aux abeilles est restée dans les annales du Tertre, c’est celle de Robert Forestier, à une époque où les ruches étaient installées au fond du jardin, plus ou moins à l’emplacement du tennis actuel. L’un des Forestier avait trouvé Robert assis sur une ruche. Il l’a vite enlevé de cette position inattendue qui lui avait valu plusieurs piqûres bien placées... 


Commentaires de Cécile Provansal:
« Toute mon enfance, j'étais invariablement fleuriste. A 8 ou 10 ans, je me suis déguisée en mariée. Robert était mon mari. Les Forestier ont une photo.
Nous concoctions souvent des « parfums », à base de pétales de rose et de menthe sauvage qui poussait sous la tonnelle. Après macération, pouvait-on appeler ça parfums ?!
Je me souviens aussi d'un jour, en 1953, où nous avons été plusieurs, réunis autour de la table de la salle à manger, nous avons dessiné Staline en diable, pour soutenir Monsieur Petrov pour qui le dictateur fut réellement diabolique... (Il était parmi les milliers de russes à avoir fui le régime soviétique)

dimanche 5 avril 2015

Souvenirs, souvenirs


Marcillé
Le Tertre



Ah Marcillé, Ah le Tertre ! Depuis notre plus tendre enfance, pendant la guerre ou juste après, nous les avons aimés. Certains diraient : nous les avons idolâtrés ! Car, à l’époque notre grand-mère vivait et ces deux territoires lui appartenaient. A nos yeux, ils n’en faisaient qu’un.
Et puis, en 1946, nos pères Henri et Michel lui ont succédé et…  cela n’a rien changé tant ils étaient proches. Nous étions tous partout chez nous, depuis les vignes de la Crétodière qui surplombent Neuville à la maisonnette de Rutore, derrière le bois des Trois Piliers.
Nous chassions avec nos oncles Jean, Rémy et Georges, mari de Marguerite, qui nous apprenait à tirer au fusil 16, et surtout à chasser… en tenant compte du vent.
                Ah, la joie de marcher le long des trois ruisseaux de la Violette, de la Beuvrière et de Pomperrein dans ces vallons, ces bois, ces prés au nom étrange, ces champs de choux et de betteraves où, à tout moment, une compagnie de perdreaux rouges pouvait s’envoler accompagnée de nos plombs cruels !

                La nature schisteuse d’Anjou était riche mais chaque arpent devait être cultivé car il ne fallait rien perdre. C’était dur de produire ! Moyennant quoi  on pouvait vivre à plus de douze sur une ferme de 40 ha.

                Aujourd’hui les choses ont bien changé ! Le web a remplacé le « 22 à Asnières* ». L’agriculture a fait sa révolution. La spécialité l’a emporté sur la culture généraliste et nos paysages de bocage ne sont plus tout à fait les mêmes. Les perdreaux ont disparus mais les chevreuils sont arrivés. Les gardons sont nombreux dans nos étangs. Et la vue que l’on a depuis le Tertre est toujours aussi belle ! Quant à la gentilhommière de Marcillé, elle a bien gardé son parfum du Moyen-âge.
Nos pères nous ont quittés. Nos frères et sœur nous ont fait l’honneur de nous  confier ces deux  propriétés. Grâce leur soit rendue !
Notre Grand père Henry II en épousant Alice Dubois sera le premier Desprez à s’installer dans le lointain Paris de l’époque où il rayonnera comme son fils ainé sur la parfumerie française. Depuis ce temps, notre famille poursuit sa saga dans le monde tout en préservant sa souche familiale angevine.
                Et c’est en pensant à vous tous qu’avec Véronique et Pascale, nous avons eu l’idée d’organiser cette fête en juin prochains.
                Venez nombreux ce weekend. Vous verrez que la vie est là, bien là, moderne et ancienne à la fois, dans nos deux propriétés qui sont celles de votre famille. Et surtout, enrichissez  ce site familial avec textes et photos, comme nous allons continuer à le faire : ce blog est le vôtre.
Martin et Jérôme