Je prends la place d’Antoine, mon cousin, dont nous reconnaissons tous qu’il est, sur ce sujet, le digne héritier de son oncle.
Les abeilles
étaient une population très importante du Tertre.
« Madame Desprez, récolte il y
aura » : prononcé d’une voix réjouie, les « r » bien
roulés, c’était l’annonce faite à notre mère d’une bonne récolte de miel à
venir par Monsieur Petrov, l’apiculteur, immigré russe, qui suivait les cinq
ruches de Grand-Père. Outre son accent et son immuable béret noir, ce qui a
créé la légende de Monsieur Petrov est qu’il arrivait au Tertre en side-car,
accompagné d’un petit chien qui portait un nom russe voulant dire « Fils
noir », tous les deux étant munis de lunettes pour protéger leurs yeux du
vent. Très attendu des enfants, après la récolte du miel, était le moment où
Monsieur Petrov allait repartir. Alors il appelait Fils noir pour lui appliquer
les lunettes qu’il avait dû faire faire sur mesure. A son signe, Fils noir bondissait
dans le « panier » du side-car où il se tenait bien assis face à la
route. Après quoi Monsieur Petrov mettait ses propres lunettes et enfourchait
la moto. Et c’était le départ du tandem, avec Fils noir, fière réplique de son
maître. Ainsi naquit la légende de
Monsieur Petrov.
La visite aux abeilles, les soins à
différentes saisons, l’observation de l’effervescence des abeilles une fois la
« hausse » enlevée, l’extraction du miel en septembre, étaient
toujours un plaisir renouvelé que notre père faisait partager à tous ceux qui
venaient séjourner au Tertre, cousins, amis, en leur faisant revêtir la
combinaison ad hoc avec le voile de protection ajusté sur un chapeau de paille.
Un véritable rituel.
A différentes reprises, il avait dit à
plusieurs d’entre nous que lorsqu’un apiculteur meurt, l’usage est de « le
dire aux abeilles ». Lorsqu’il disparut en 1977, s’en souvenant, Laurent
est allé le dire aux abeilles, à qui ... il n’a pas eu besoin de le dire deux
fois : s’étant approché des ruches à trois ou quatre mètres, il fut
assailli par une nuée d’abeilles dont une le piqua à l’oreille... Quelques mois
plus tard, Thierry lui apprit qu’il y avait été aussi, les abeilles étaient
calmes.
Une autre visite aux abeilles est restée
dans les annales du Tertre, c’est celle de Robert Forestier, à une époque où
les ruches étaient installées au fond du jardin, plus ou moins à l’emplacement
du tennis actuel. L’un des Forestier avait trouvé Robert assis sur une ruche.
Il l’a vite enlevé de cette position inattendue qui lui avait valu plusieurs
piqûres bien placées...
Commentaires de Cécile Provansal:
« Toute mon enfance, j'étais invariablement fleuriste. A 8 ou 10 ans, je me suis déguisée en mariée. Robert était mon mari. Les Forestier ont une photo.
Commentaires de Cécile Provansal:
« Toute mon enfance, j'étais invariablement fleuriste. A 8 ou 10 ans, je me suis déguisée en mariée. Robert était mon mari. Les Forestier ont une photo.
Nous concoctions souvent des « parfums », à base de pétales de rose et de menthe sauvage qui poussait sous la tonnelle. Après macération, pouvait-on appeler ça parfums ?!
Je me souviens aussi d'un jour, en 1953, où nous avons été plusieurs, réunis autour de la table de la salle à manger, nous avons dessiné Staline en diable, pour soutenir Monsieur Petrov pour qui le dictateur fut réellement diabolique... (Il était parmi les milliers de russes à avoir fui le régime soviétique)
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