vendredi 17 avril 2015

Senteurs et Saveurs

La mémoire olfactive ainsi que la mémoire gustative à laquelle elle est liée, est paraît-il la plus forte nos capacités mémorielles, mammifères que nous sommes. Conjointement aux souvenirs d’enfance surgissent tous les parfums qui embaumaient le jardin. Arrivant au Tertre au début de juillet, libérés du poids du collège et de la ville, c’était un bonheur de retrouver les exhalaisons de chèvrefeuille, de pétunias ou de roses. Plus tard il y aurait les arômes des herbes du potager, persil ou estragon, et la saveur inégalable des légumes, à commencer par les tomates. Vincent se souvient, sous le catalpa, de l’épluchage de haricots verts dont la dégustation valait bien cette peine. Laurent se souvient de Martin se faisant gronder par Bonne Maman qui l’avait surpris dans le potager se régalant d’une carotte fraîchement arrachée à la terre, alors que nous avions été appelés pour le déjeuner... Plus tard ce serait le miel agrémentant le pain grillé du petit déjeuner, les mirabelles, les poires, les pommes. Ah le parfum des pommes, étalées sur la cheminée, quand nous entrions dans la salle à manger ou conservées dans la cave à vin ! Une bouffée d’Anjou! Nous les avions ramenées sur le toit de la 206 Peugeot, placée dans le parc juste sous les pommiers, il n’y avait plus qu’à remplir les cageots.
Il faut mentionner aussi les petits poissons de la Mayenne et de l’Oudon, gardons, ablettes, boers, poissons-chats (qui mordaient tellement à l’hameçon que l’on avait beaucoup de mal à le retirer) que l’on vidait, écaillait puis cuisait nous-mêmes, sans le secours de la cuisinière. Fritures savoureuses. 

Laurent Desprez

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