La mémoire olfactive ainsi que la mémoire
gustative à laquelle elle est liée, est paraît-il la plus forte nos capacités
mémorielles, mammifères que nous sommes. Conjointement aux souvenirs d’enfance
surgissent tous les parfums qui embaumaient le jardin. Arrivant au Tertre au
début de juillet, libérés du poids du collège et de la ville, c’était un
bonheur de retrouver les exhalaisons de chèvrefeuille, de pétunias ou de roses.
Plus tard il y aurait les arômes des herbes du potager, persil ou estragon, et
la saveur inégalable des légumes, à commencer par les tomates. Vincent se
souvient, sous le catalpa, de l’épluchage de haricots verts dont la dégustation
valait bien cette peine. Laurent se souvient de Martin se faisant gronder par
Bonne Maman qui l’avait surpris dans le potager se régalant d’une carotte
fraîchement arrachée à la terre, alors que nous avions été appelés pour le
déjeuner... Plus tard ce serait le miel agrémentant le pain grillé du petit
déjeuner, les mirabelles, les poires, les pommes. Ah le parfum des pommes,
étalées sur la cheminée, quand nous entrions dans la salle à manger ou
conservées dans la cave à vin ! Une bouffée d’Anjou! Nous les avions ramenées
sur le toit de la 206 Peugeot, placée dans le parc juste sous les pommiers, il
n’y avait plus qu’à remplir les cageots.
Il faut mentionner aussi les petits
poissons de la Mayenne et de l’Oudon, gardons, ablettes, boers, poissons-chats
(qui mordaient tellement à l’hameçon que l’on avait beaucoup de mal à le
retirer) que l’on vidait, écaillait puis cuisait nous-mêmes, sans le secours de
la cuisinière. Fritures savoureuses.
Laurent
Desprez
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